vendredi, 05 décembre 2025 Faire un don
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Les congrégations religieuses africaines appelées à répondre aux besoins locaux avant d’envoyer des prêtres à l’étranger

« Une Église qui ne prend pas soin de la sienne ne peut pas prétendre crédiblement prendre soin des autres. » C’est ce que soutient Mgr Fortunatus Nwachukwu, Secrétaire du Dicastère pour l’Évangélisation du Vatican.

Dans son intervention lors du IIIe Congrès catholique panafricain sur la Théologie, la Société et la Vie pastorale, qui s’est tenu à Abidjan en Côte d’Ivoire, Mgr Nwachukwu a exhorté les Ordres religieux et les Diocèses d’Afrique à veiller à ce que les régions « négligées » du continent bénéficient d’un soin pastoral avant d’étendre leur mission à l’étranger.

La présentation de Mgr Nwachukwu lors du congrès, organisé par le Réseau panafricain de théologie et de pastorale catholique (PACTPAN), était intitulée « L’Église des Gerbes : la mission de l’Afrique envers elle-même et envers le monde dans une Église synodale ».

Au cours de l’événement du 5 au 10 août, le responsable du Vatican a souligné que l’Église africaine avait atteint une maturité, un concept qu’il définit comme la « responsabilité envers ses propres marges ».

« Les congrégations religieuses africaines et les diocèses doivent d’abord répondre aux besoins locaux avant d’étendre leurs efforts à l’étranger. Cette stratégie missionnaire interne n’est pas un recul par rapport à l’universalité mais sa fondation nécessaire », a déclaré Mgr Nwachukwu.

Il a ajouté : « La mission doit inclure les régions négligées du continent. Les zones avec peu de prêtres, des paroisses sous-équipées et des structures catéchétiques faibles. »

Le responsable de l’Église nigériane a expliqué que pour l’Afrique, l’image de la gerbe reflète la réalité d’un continent qui a autrefois reçu l’Évangile chrétien grâce à la mission de don de soi d’autrui, et qui émerge désormais comme une Église en forte croissance.

« Ayant reçu l’Évangile par la persévérance et la foi, cette Église exerce maintenant son ministère avec une confiance croissante auprès de son propre peuple et s’étend au monde dans le service », a-t-il déclaré le 7 août.

Il a toutefois précisé que le service doit commencer à domicile, les congrégations religieuses et les diocèses devant d’abord se tourner vers les communautés mal desservies afin que tous les peuples d’Afrique reçoivent l’Évangile de Jésus-Christ.

« L’Église des Gerbes doit semer dans son propre champ », a dit Mgr Nwachukwu, expliquant : « Comme les anciens glaneurs qui laissaient des grains pour les pauvres et les étrangers, les diocèses en Afrique doivent canaliser ressources, personnel et énergie pastorale vers les coins oubliés du continent. »

« Une conscience missionnaire interne doit être intégrée dans la planification épiscopale, la formation des séminaristes et la vie religieuse », a-t-il ajouté.

Mgr Nwachukwu a également insisté sur la nécessité d’assurer un soutien local aux missionnaires africains servant à l’étranger.

L’ancien diplomate du Vatican, qui a été Nonce apostolique de novembre 2012 jusqu’à sa nomination comme Secrétaire du Dicastère pour l’Évangélisation en mars 2023, a déclaré qu’avec la maturité ecclésiale de l’Afrique, l’envoi de missionnaires africains à l’étranger doit s’accompagner d’un engagement clair à les soutenir et les accompagner dans leur service.

Selon Mgr Nwachukwu, la présence croissante de prêtres et religieux africains en Europe, aux Amériques, en Asie et dans les Caraïbes marque un tournant significatif dans le paysage missionnaire mondial.

Cependant, ce mouvement ne doit pas se réduire à une « migration économique », a-t-il averti, ajoutant qu’il ne devrait y avoir aucune raison de percevoir certains prêtres africains comme partant à l’étranger pour chercher la stabilité financière ou une aide extérieure.

« Ces missionnaires ne sont ni des mendiants ni des employés, mais des serviteurs de l’Évangile », a-t-il précisé, expliquant : « Lorsque l’Église en Afrique envoie des ouvriers dans la vigne du monde, elle doit également assumer la responsabilité pastorale et institutionnelle de les soutenir dans leur mission, afin qu’ils restent concentrés sur les devoirs sacrés qui leur sont confiés. »

Il a proposé que les Conférences épiscopales et les Supérieurs religieux mettent en place des fonds dédiés et des systèmes de soutien pour le personnel Fidei Donum et les missionnaires à l’étranger, ajoutant : « Une telle disposition n’est pas seulement une prudence administrative, mais une expression de communion ecclésiale et de solidarité spirituelle. »

« La mission n’est pas un échange de services mais une offrande sacrificielle. Elle doit être protégée des tentations de dépendance et de l’attente réduite », a-t-il insisté.

« L’Église des Gerbes ne peut rester une vision rhétorique », a-t-il dit, expliquant que l’Église africaine doit se concrétiser à travers des structures délibérées permettant aux fils et filles de l’Afrique de servir avec liberté, dignité et engagement sans faille.

« Ainsi, la présence missionnaire de l’Afrique sera perçue non comme une demande d’aide, mais comme un témoignage de l’amour de don de soi du Christ et de la fécondité de l’Évangile semé sur le sol africain », a-t-il ajouté.

Dans son intervention, Mgr Nwachukwu a également souligné la nécessité de mettre fin à ce qu’il a décrit comme « la mentalité du berceau » au sein de l’Église africaine, appelant à un changement de conscience ecclésiale, passant de la dépendance à la maturité.

« Trop souvent, la voix de l’Afrique dans l’Église universelle est traitée comme un cri du berceau : bien intentionnée mais encore immature, pas encore sérieuse », a-t-il déclaré.

Selon Mgr Nwachukwu, le « syndrome du bébé » de l’Afrique est entretenu par une mentalité de réception façonnée par des décennies d’aide étrangère, de subventions et de soutiens des Églises de l’Occident.

Il a averti que tant que l’Église en Afrique se présentera comme « une bénéficiaire permanente », sa voix sera interprétée comme celle de quelqu’un qui reçoit encore, et non qui donne aux autres. Une voix typique du « bébé dans le berceau ».

(L'histoire continue ci-dessous)

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« L’image du berceau doit nous interpeller », a-t-il expliqué, « cette mentalité du berceau et sa dépendance connexe sont devenues habituelles, même lorsque les conditions qui les nécessitaient ont depuis longtemps changé. »

Il a ajouté qu’un siècle après l’établissement de nombreuses Églises locales, l’Église en Afrique doit donner des signes crédibles de sa propre maturité. « Cela ne signifie pas rejeter l’aide ou la solidarité. Cela signifie plutôt montrer de l’initiative, de la durabilité et une disposition à se tenir sur ses propres pieds ecclésiaux », a-t-il précisé, ajoutant : « La maturité se marque non par l’isolement, mais par la capacité à donner, soutenir et servir. L’Église des Gerbes ne peut rester dans le berceau. »

Mgr Nwachukwu a mis au défi les conférences diocésaines d’Afrique de créer des fonds et des dotations missionnaires pour soutenir les missionnaires de l’Église locale, en particulier ceux œuvrant ailleurs.

« L’Afrique a la capacité. Il lui faut seulement la volonté et les structures pour la mobiliser », a-t-il déclaré, ajoutant : « L’Afrique ne peut continuer à plaider son incapacité alors que d’autres ont semé, arrosé et attendu. »

« Le temps de semer dans les larmes est passé. Les gerbes sont prêtes », a conclu Mgr Nwachukwu.

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